L’influence des facteurs sociaux et de la santé sur la qualité de l’alimentation

Le chercheur souligne que, au-delà de la responsabilité individuelle, des éléments liés aux professionnels de la santé, au système de santé et aux choix sociétaux peuvent aider à comprendre les constatations faites dans leurs études.

L’équipe de recherche s’est basée sur une base de données comprenant des renseignements sur plus de 43 000 adultes québécois qui ont régulièrement partagé des informations sur leur santé et leur régime alimentaire.

Ils ont identifié les individus présentant des niveaux élevés de cholestérol ou de glucose dans le sang, ou une pression artérielle élevée. Ils ont ensuite comparé le régime alimentaire de ceux qui prenaient des médicaments pour ces conditions à celui de ceux qui n’en prenaient pas.

Le chercheur résume que les trois études ont abouti à la même conclusion.

Impact des médicaments sur la qualité de l’alimentation

« Les personnes qui consomment des médicaments ont généralement une alimentation de moins bonne qualité que celles qui n’en prennent pas », note le chercheur. Il ajoute que, particulièrement chez les personnes plus jeunes, la qualité de l’alimentation est inversément proportionnelle à l’utilisation de médicaments ou à l’intensité de la médication. En d’autres termes, plus elles consomment de médicaments, moins leur alimentation est équilibrée.

Le chercheur rappelle que les directives pour la gestion des personnes ayant des problèmes de cholestérol, de glucose sanguin ou de pression artérielle préconisent, en premier lieu, une modification des habitudes de vie. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, il est alors recommandé d’envisager une médication.

Manque de complémentarité entre alimentation et médication

Le chercheur constate un manque significatif de complémentarité et de cohérence entre la qualité de l’alimentation, l’utilisation de médicaments et l’intensité de leur utilisation.

Il suggère qu’une partie du problème pourrait résider dans le fait que les personnes qui prennent des médicaments pour traiter leur état de santé peuvent se sentir protégées et penser qu’elles peuvent manger ce qu’elles veulent. Cependant, il y a des causes qui ne dépendent pas des individus.

Il est probable que la perception d’une efficacité supérieure des médicaments par rapport à l’alimentation soit largement répandue parmi les professionnels de la santé. De plus, dans le système de santé public, il est souvent plus facile d’obtenir une prescription de médicaments que d’avoir accès aux conseils de nutritionnistes-diététistes. En tant que société, nous investissons beaucoup d’argent dans le traitement des maladies et très peu dans la prévention.

Trois axes d’attaque du problème

Le chercheur suggère d’aborder le problème sur trois niveaux.

• Il est nécessaire de sensibiliser davantage les personnes aux prises avec des problèmes de santé à l’importance de modifier leurs habitudes de vie. Les médicaments agissent souvent sur un élément spécifique, comme le cholestérol, tandis que l’alimentation a un impact sur tous les aspects de la santé.

• Il faudrait également encourager une plus grande collaboration entre les médecins, les nutritionnistes-diététistes et les pharmaciens afin d’assurer une complémentarité entre la qualité de l’alimentation et la médication.

• Enfin, en tant que société, il est crucial de consacrer plus d’efforts et de ressources à la prévention.

Il est important de rappeler que l’activité physique, comme la marche ou les activités quotidiennes, est également essentielle pour la gestion de l’hypertension, du diabète et de l’excès de cholestérol.

Au Québec, plus d’un tiers des personnes âgées de 65 ans et plus prennent au moins une dizaine de médicaments sur ordonnance par an, selon les données de l’Institut national de santé publique (INSPQ).

Pour plus d’informations, consultez les sources ci-dessous.

Thierry Gaillard avec sources : Université Laval, CJC Open. N’hésitez pas à suivre Thierry Gaillard sur nos réseaux sociaux