Le sens olfactif, un outil puissant pour la mémoire, même durant le sommeil

Selon une recherche menée en 2008, l’odorat est le seul sens qui ne connaît pas de repos. Les scientifiques ont expliqué que les informations continuent d’affluer vers le système limbique du cerveau, y compris l’hippocampe qui est responsable de la mémoire, ainsi que l’amygdale qui joue un rôle dans la réponse émotionnelle, même pendant le sommeil. Les autres sens, quant à eux, doivent franchir la « barrière » du thalamus qui est inactif durant le sommeil.

Une étude récente a été effectuée par Michael Yassa, professeur de neurobiologie à l’Université de Californie à Irvine, et son équipe sur des personnes âgées de 60 à 85 ans sans troubles de mémoire. Les participants ont reçu un diffuseur et sept cartouches, chacune contenant une huile naturelle différente : rose, orange, eucalyptus, citron, menthe poivrée, romarin et lavande.

La moitié des participants ont reçu des cartouches pleines tandis que l’autre moitié, constituant le groupe de contrôle, ont reçu les huiles en très petites quantités. Chaque soir avant de se coucher, les participants inséraient une cartouche différente dans leur diffuseur qui s’activait pendant deux heures pendant leur sommeil.

Les résultats de l’étude ont montré que les participants exposés aux odeurs ont enregistré une amélioration significative de 226 % de leur mémoire, mesurée par un test de liste de mots, par rapport au groupe de contrôle.

De plus, l’imagerie cérébrale a révélé une meilleure intégrité du circuit cérébral appelé fascicule unciné gauche. Ce circuit, qui relie le lobe temporal médian au cortex préfrontal décisionnel, a tendance à perdre de sa robustesse avec l’âge.

Les participants ont également signalé une amélioration de leur sommeil.

Les chercheurs ont conclu que cette étude transforme le lien bien connu entre l’odorat et la mémoire en une technique simple et non invasive pour renforcer la mémoire et potentiellement prévenir la démence.

Les chercheurs ont également souligné que la perte d’odorat est associée au développement d’environ 70 maladies neurologiques et psychiatriques, y compris la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la schizophrénie et l’alcoolisme. Il a également été observé un lien entre la perte d’odorat due au COVID et un déclin des capacités cognitives. Des études antérieures ont montré qu’en exposant des personnes atteintes de démence modérée à différentes odeurs deux fois par jour pendant un certain temps, leur mémoire et leurs capacités linguistiques étaient stimulées, la dépression était atténuée et les capacités olfactives étaient améliorées.

Michael Leon, professeur de neurobiologie et co-auteur de l’étude, a expliqué que « la réalité est qu’au-delà de 60 ans, le sens olfactif et la cognition commencent à décliner ».

Les chercheurs envisagent maintenant d’étudier l’impact de cette technique sur des personnes ayant reçu un diagnostic de perte cognitive. Ils espèrent également que cette découverte incitera à d’autres recherches sur les thérapies olfactives pour les troubles de la mémoire.

Basé sur cette étude, un produit destiné à être utilisé à domicile devrait être commercialisé cet automne, ont annoncé les chercheurs. Cette étude a été soutenue par Procter & Gamble.

Pour en savoir plus sur le lien entre l’odorat et la mémoire, vous pouvez consulter les articles « Le sommeil profond prévient et retarde les symptômes de l’Alzheimer », « 6 stratégies pour composer avec les pertes de mémoire » et « Un parfum de fleurs favorise de bons rêves ».

Toutes les informations présentées dans cet article sont basées sur des sources de l’Université de Californie à Irvine et de Frontiers in Neuroscience. N’hésitez pas à suivre Thierry Gaillard sur nos réseaux sociaux