Des médias tels que le New York Times et CNN ont relayé des déclarations de personnes affirmant avoir perdu le désir de boire de l’alcool depuis qu’elles sont sous traitement médicamenteux. Quand ces personnes tentaient de consommer de l’alcool, elles n’en retirait plus aucune satisfaction. Le sentiment euphorique, souvent associé à la consommation d’alcool, n’était plus ressenti.
Le sémaglutide est un médicament antidiabétique qui reproduit les effets d’une hormone naturelle, le GLP-1, qui procure un sentiment de satiété. Il régule les niveaux de sucre et d’insuline dans le sang et pourrait également influencer les zones du cerveau qui contrôlent l’envie de manger. C’est ce qu’explique Janice Jin Hwang, de la faculté de médecine de l’Université de Caroline du Nord, dont les propos ont été repris par le New York Times.
Certains patients sous Ozempic ont déclaré avoir moins d’appétence pour, voir même être répugnés par, les aliments qu’ils aimaient auparavant.
Plusieurs travaux de recherche menés sur des animaux ont démontré que ce médicament diminuait la consommation d’alcool, selon le New York Times. Des études sur des humains sont actuellement en cours, utilisant des médicaments de la même catégorie (des agonistes des récepteurs du GLP-1) que l’Ozempic.
En décembre 2022, des scientifiques danois ont publié dans JCI Insight les résultats d’un essai clinique comparant un agoniste des récepteurs du GLP-1, l’exénatide, à un placebo chez 130 personnes atteintes de troubles liés à la consommation d’alcool. Les patients qui ont été traités avec l’exénatide ont vu leur consommation d’alcool davantage réduite que ceux ayant reçu le placebo.
Une étude publiée en juin dans eBioMedicine, basée sur des recherches menées sur des animaux, apporte des précisions sur le mécanisme biologique en jeu. Le sémaglutide influencerait le circuit de récompense du cerveau, plus précisément le noyau accumbens, qui fait partie du système limbique. « L’alcool active le système de récompense du cerveau, entraînant la libération de dopamine, un phénomène observé chez l’homme comme chez l’animal », selon Cajsa Aranäs de l’Université de Göteborg, co-auteure de l’étude.
La perte d’appétit et l’arrêt du traitement
Le manque d’intérêt pour la nourriture serait l’une des raisons pour lesquelles les patients ont tendance à ne pas utiliser ces médicaments sur le long terme, selon Jens Juul Holst de l’Université de Copenhague, un chercheur de premier plan sur cette catégorie de médicaments, dans une interview pour le site Wired.
« On perd l’appétit et le plaisir de manger, et je crois qu’il y a un coût à cela », dit-il. « Si vous aimez la nourriture, ce plaisir disparaît. »
« Après avoir pris ce traitement pendant un an ou deux, la vie devient tellement ennuyeuse que vous ne pouvez plus le supporter et que vous devez revenir à votre ancienne vie », suppose-t-il. « Les GLP-1 sont sur le marché depuis 2005. Les gens continuent-ils à les prendre ? Non. »
Un autre médicament de cette catégorie des analogues du GLP-1 est le Mounjaro (tirzepatide).
Pour plus d’informations, veuillez consulter les ressources ci-dessous.
Thierry Gaillard avec sources : University of Gothenburg, eBioMedicine, New York Times, CNN, JCI Insight, Wired.
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