La consommation d’antidépresseurs a doublé entre le début des années 2000 et 2017
Selon les données, l’utilisation d’antidépresseurs a doublé depuis le milieu des années 2000 jusqu’en 2017, et près de la moitié des patients sont actuellement considérés comme des utilisateurs à long terme. Les pays comme l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont des taux de prescription d’antidépresseurs similaires.
Effets indésirables de l’utilisation à long terme des antidépresseurs
L’utilisation prolongée des antidépresseurs est liée à plusieurs effets secondaires, comme la prise de poids, les saignements et les chutes. Environ la moitié des patients ressentent des effets de sevrage, dont la moitié décrivent leurs symptômes comme sévères, et un grand nombre d’entre eux subissent un sevrage pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Augmentation de la prescription d’antidépresseurs sans amélioration de la santé mentale
James Davies de l’Université de Roehampton et ses collègues soulignent que l’augmentation de la prescription d’antidépresseurs ne s’est pas traduite par une amélioration de la santé mentale au niveau de la population. Au contraire, selon certaines mesures, la situation s’est détériorée avec l’augmentation de la prescription d’antidépresseurs. Ils se demandent dans quelle mesure ces mauvais résultats sont dus aux effets secondaires et à l’efficacité limitée des antidépresseurs pour de nombreux groupes.
Les antidépresseurs n’offrent pas de bénéfices cliniquement significatifs pour tous les patients
Plusieurs méta-analyses ont montré que les antidépresseurs n’offrent pas de bénéfices cliniquement significatifs par rapport au placebo, sauf pour ceux qui souffrent des formes les plus sévères de dépression. C’est pourquoi l’Institut National pour la Santé et l’Excellence des Soins (NICE) recommande de ne pas prescrire systématiquement les antidépresseurs comme premier traitement pour les dépressions légères, tout en soulignant l’importance de la prise de décision partagée.
Taux élevés de prescription pour la dépression légère ou modérée
Malgré ces recommandations, les taux de prescription pour les patients souffrant de dépression légère ou modérée restent élevés. Une étude basée sur les données des soins primaires au Royaume-Uni a révélé que 69% des dépressions diagnostiquées chez les personnes de 65 ans et plus étaient de gravité légère. Une autre étude britannique a révélé que 58% des personnes prenant des antidépresseurs depuis plus de deux ans ne répondent pas aux critères d’un diagnostic psychiatrique.
Contestation de la prescription d’antidépresseurs pour les douleurs chroniques
Il existe maintenant des objections fondées sur des preuves à la prescription d’antidépresseurs pour les personnes souffrant de douleurs chroniques, dont l’efficacité est très faible. De plus, des preuves montrent une prescription disproportionnée aux femmes, aux personnes âgées et à celles vivant dans des zones défavorisées. Cela soulève des questions sur la mesure dans laquelle nous traitons médicalement et à tort les effets des désavantages et des privations.
Nécessité de stimuler l’offre non pharmacologique
Les sommes importantes consacrées à ces médicaments pourraient être mieux utilisées pour stimuler l’offre non pharmacologique, suggèrent les auteurs. Ce problème a été reconnu par le Service National de Santé (NHS) dans sa déclaration « Opportunités d’Optimisation des Médicaments Nationaux 2023-24 ».
Recommandations pour inverser le taux de prescription d’antidépresseurs
Les auteurs estiment qu’il est possible de renverser le taux de prescription d’antidépresseurs en suivant diverses recommandations de santé publique, conformément aux « Opportunités d’Optimisation des Médicaments Nationaux 2023-24 » du NHS. Il s’agit notamment de ne pas prescrire d’antidépresseurs pour des affections bénignes à de nouveaux patients, de respecter les directives du NICE sur la prescription sûre et la gestion du sevrage, et de financer et fournir des services de sevrage locaux.
Enfin, les auteurs espèrent que les autres pays qui prescrivent beaucoup d’antidépresseurs s’engageront également à inverser les taux de prescription.
Sources : The BMJ, The Guardian. N’hésitez pas à suivre Thierry Gaillard sur nos réseaux sociaux
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