Les conseils du NICE sur la gestion de la douleur chronique primaire

En 2021, l’Institut National pour la Santé et l’Excellence des Soins (NICE) du Royaume-Uni a mis en place des directives pour la gestion de la douleur chronique primaire. Ces directives recommandent l’utilisation de différents types d’antidépresseurs, comme l’amitriptyline (Elavil, Laroxyl), le citalopram (Séropram, Celexa), la duloxétine (Cymbalta et autres), la fluoxétine (Prozac), la paroxétine (Deroxat, Paxil, Seroxat) et la sertraline (Zoloft) dans le traitement de la douleur chronique primaire.

Nécessité d’une approche plus nuancée

Cependant, selon les chercheurs à l’origine de l’étude, une stratégie plus détaillée est requise. En effet, bien que certains antidépresseurs soient efficaces contre certaines douleurs, la plupart sont soit inefficaces, soit les preuves de leur efficacité ne sont pas concluantes.

L’étude de Giovanni Ferreira et son équipe

Une équipe de chercheurs sous la direction de Giovanni Ferreira de l’Université de Sydney en Australie a examiné les revues systématiques de la littérature scientifique sur le sujet de 2012 à 2022. Ils ont recensé 26 revues systématiques impliquant 156 essais cliniques distincts qui comparaient un antidépresseur à un placebo et plus de 25 000 participants. Les données concernaient huit classes d’antidépresseurs et 22 conditions de douleur, y compris les maux de dos, la fibromyalgie, les maux de tête, la douleur postopératoire et le syndrome du côlon irritable.

Les résultats de l’étude

Les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), comme la duloxétine (Cymbalta), ont été trouvés efficaces dans le traitement du plus grand nombre de conditions douloureuses, comme le mal de dos, l’arthrose du genou, les douleurs postopératoires, la fibromyalgie et les douleurs neuropathiques.

Cependant, les antidépresseurs tricycliques, tels que l’amitriptyline, qui sont les antidépresseurs les plus couramment utilisés pour traiter la douleur, se sont révélés moins bien compris en termes d’efficacité. En d’autres termes, on ne sait pas exactement à quel point ils sont efficaces, ni s’ils sont vraiment efficaces dans la plupart des cas de douleur.

Les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) n’étaient pas efficaces pour les douleurs lombaires, la fibromyalgie, la dyspepsie fonctionnelle et les douleurs thoraciques non cardiaques.

Conclusion de l’étude

Les chercheurs concluent que pour la majorité des adultes souffrant de douleur chronique, un traitement par antidépresseur sera décevant. De plus, les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires désagréables que les patients pourraient vouloir éviter.

Ils soulignent également que les antidépresseurs ne sont autorisés que pour un petit nombre de conditions douloureuses. Par exemple, au Royaume-Uni et en Australie, la douleur neuropathique diabétique est la seule condition douloureuse pour laquelle l’IRSN duloxétine (Cymbalta) est autorisé. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvé la duloxétine pour la fibromyalgie et les douleurs musculo-squelettiques chroniques. L’amitriptyline (Elavil, Laroxyl) est approuvée au Royaume-Uni pour les douleurs neuropathiques et la prévention des maux de tête (de type tension et migraine), alors qu’en Australie, elle n’est approuvée pour aucune condition de douleur. Pour de nombreuses pathologies couvertes par l’étude, l’utilisation des antidépresseurs est donc hors indication (ou autorisation de commercialisation).

Sources de l’étude

L’étude a été publiée dans le British Medical Journal et bénéficie des contributions de l’Université de Warwick et de l’Université de Sydney. Tous les droits sont réservés.