Les liens entre la carence en fer et la santé mentale

La carence en fer n’entraîne pas nécessairement une anémie, mais peut aggraver certains symptômes, selon Stephanie Weinberg Levin et Theresa Gattari de l’Université du Michigan. En plus de son rôle essentiel dans la distribution de l’oxygène par les globules rouges, le fer contribue à la production des neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la dopamine et la norépinéphrine, qui sont tous des éléments clés pour notre santé mentale.

Un lien entre la carence en fer et la santé mentale

Plusieurs études suggèrent une corrélation entre une faible quantité de fer et les symptômes de la dépression, de l’anxiété et de la schizophrénie. De grandes enquêtes ont mis en lumière un pourcentage plus élevé de personnes souffrant de dépression et ayant des antécédents d’anémie due à une carence en fer. Une étude d’envergure a révélé des taux plus élevés d’anxiété, de dépression, de troubles du sommeil et de troubles psychotiques chez les personnes atteintes d’anémie due à une carence en fer.

Il est également avéré qu’un faible taux de fer est lié à la fatigue, qui est un des symptômes de la dépression. Des recherches à plus petite échelle menées auprès de personnes ayant connu leur premier épisode de psychose suggèrent également un lien entre la gravité de leurs symptômes et un faible taux de fer.

Les bienfaits de la supplémentation en fer

Une analyse de données probantes réalisée en 2013 a montré que la complémentation en fer était associée à une amélioration des symptômes de santé mentale dans trois études, et que d’autres recherches ont révélé des améliorations de la capacité de raisonnement.

« De nombreuses études menées auprès de personnes souffrant ou non de troubles mentaux ont montré une amélioration de l’humeur et de la fatigue après une supplémentation en fer, même si ces personnes ne répondaient pas aux critères de l’anémie due à une carence en fer. Une étude a montré une amélioration chez la moitié des personnes dont le taux de ferritine était inférieur à 100 nanogrammes/millilitre, ce qui est supérieur au taux de 30 ng/ml souvent utilisé pour définir une carence en fer. »

Évaluation du niveau de fer

Les professionnels de la santé de première ligne ne sont souvent pas conscients de cette corrélation, ils ne demandent donc pas systématiquement des analyses de fer à moins que le patient ne présente des symptômes d’anémie, ou une condition médicale ou un traitement connu pour affecter les niveaux de fer dans le corps, explique la Dre Levin.

Les chercheuses conseillent aux personnes souffrant de troubles mentaux de demander à leur médecin de leur prescrire une analyse de sang mesurant leur taux de fer (test de ferritine).

Certaines personnes sont plus susceptibles d’avoir un faible taux de fer, notamment les femmes enceintes, les jeunes enfants, les femmes ayant des menstruations abondantes, les donneurs de sang fréquents, les personnes atteintes de cancer, les personnes ayant subi des interventions chirurgicales gastro-intestinales ou souffrant de troubles digestifs et les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque.

Il n’y a pas encore de consensus sur le niveau optimal à atteindre en modifiant l’alimentation et en prenant des compléments, ni sur la fréquence des tests à effectuer après avoir modifié l’alimentation. En règle générale, il est préférable de viser un taux de ferritine de 100 ng/ml et d’effectuer des tests toutes les 4 à 6 semaines, estiment les chercheuses.

Levin met en garde contre le risque d’un excès de fer. Il est donc important de lire l’étiquette du complément et de choisir une marque qui a été testée par un organisme indépendant, précise-t-elle.

Les aliments riches en fer

Parmi les aliments riches en fer, on trouve les œufs (surtout le jaune), la viande rouge, le foie, les abats, les poissons et les fruits de mer, les légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots…), les noix, les graines (citrouille, sésame…), les céréales complètes (blé, avoine…) et les légumes verts foncés (épinards, asperges…). Certaines céréales pour le petit-déjeuner sont enrichies en fer.

Le fer d’origine végétale est plus difficile à absorber par l’organisme.

Le nouveau domaine de la psychiatrie nutritionnelle

« Les carences en nutriments peuvent avoir un impact considérable sur le bien-être », souligne la Dre Levin. « Le rôle des nutriments dans la santé mentale vient compléter les connaissances croissantes sur l’importance du stress, des habitudes de sommeil et de l’activité physique. »

Pour plus d’informations, voir les liens ci-dessous.

Thierry Gaillard avec sources : University of Michigan, Current Psychiatry.
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