L’usage du lithium dans le traitement de la dépression et la lutte contre les virus
Le lithium, sous forme de sels, est couramment exploité dans le traitement des épisodes dépressifs et maniaques des troubles bipolaires, ainsi que pour prévenir les rechutes. Ces composés semblent avoir un effet positif sur la plasticité neuronale, en améliorant la communication entre les neurones.
Les propriétés antivirales du lithium
Il existe une abondance d’études suggérant que les sels de lithium peuvent interrompre le cycle de réplication de plusieurs virus, y compris certains coronavirus. Des chercheurs ont, dès 1979, révélé que les patients bipolaires atteints du virus de l’herpès et traités avec du lithium montraient des signes d’amélioration clinique. Les recherches récentes indiquent que l’effet antiviral du lithium est particulièrement prononcé sur les virus à ARN et à ADN.
Un effet antiviral potentiel de certains antidépresseurs
Depuis le début de la pandémie, plusieurs études ont évoqué un effet protecteur possible de divers antidépresseurs, comme la fluoxétine (Prozac) et la fluvoxamine (Luvox). Cependant, les preuves scientifiques restent insuffisantes, et l’agence du médicament en France n’inclut pas la Fluvoxamine parmi les traitements contre le COVID-19. D’autres études suggèrent que certains traitements, comme la Clozapine (un antipsychotique utilisé pour la schizophrénie), pourraient aggraver l’évolution de la maladie en cas de COVID-19.
Une réduction du risque
Selon les travaux de l’équipe de Mme Leboyer, publiés en mars 2022 dans The British Journal of Psychiatry, la prise de lithium à dose thérapeutique serait associée à une réduction du risque d’infection. Ces résultats, basés sur l’analyse de données de 26 554 personnes provenant d’une vaste base de données anonymisées américaines, sont les premiers à fournir des preuves concluantes dans le contexte réel.
Dans cette étude, les individus sous lithium présentaient un risque moindre de diagnostic de COVID-19 et de test PCR positif, indépendamment de leur diagnostic psychiatrique ou de leur statut vaccinal. Cependant, l’échantillon de personnes traitées avec du lithium était trop petit pour déterminer si le médicament avait un effet bénéfique sur la réduction du risque de formes graves de la maladie chez les patients infectés par le SARS-CoV-2. Néanmoins, une incidence plus faible de la maladie, telle que constatée dans l’étude, est probablement associée à un risque moindre de complications.
Comprendre le phénomène
Les mécanismes exacts derrière les effets antiviraux du lithium restent inconnus. Néanmoins, certaines études in vitro ont montré que ce médicament inhibe la réplication de l’ARN du virus. De plus, il semble que les effets du lithium soient particulièrement puissants sur le SARS-CoV-2, mais moins sur d’autres virus respiratoires, ce qui suggère des mécanismes biologiques spécifiques à ce coronavirus.
Il est important de noter que, malgré ces résultats prometteurs, il n’est pas envisageable d’utiliser le lithium comme un médicament accessible à la population générale pour lutter contre le COVID-19, en raison de ses effets secondaires (hypothyroïdie, tremblements, problèmes rénaux…). Cependant, ces résultats pourraient être pris en compte lorsque les cliniciens évaluent les risques et les avantages de prescrire ce traitement à des patients atteints de troubles bipolaires, particulièrement vulnérables en période de pandémie, conclut la chercheuse.
Pour en savoir plus sur le trouble bipolaire, consultez les ressources disponibles.
Sources : The Conservation France, British Journal of Psychiatry. N’hésitez pas à suivre Thierry Gaillard sur nos réseaux sociaux
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